Comment reconnaître les troubles dépressifs ?
6 juin 2024

Vous vous sentez constamment fatigué(e), votre humeur a changé, vous perdez de l’intérêt à faire les choses qui vous plaisez avant, vous avez un sentiment d’inutilité ? vous vivez peut-être actuellement une période off, avec des moments de tristesse, de découragement ou d’irritabilité. S’ils sont momentanés, ces symptômes ressemblent à ceux d’une déprime et sont à accepter comme des expériences humaines « normales ». S’ils s’installent dans la durée et que votre état laisse apparaître d’autres symptômes associés, plus intenses, ils peuvent être les signes d’une dépression.  

Si dans le premier cas, on peut imaginer que vous retrouverez une vie « plus équilibrée » en prenant le temps de vous reposer et de prendre soin de vous, le second revêt quant à lui un caractère plus profond car il est associé à un dysfonctionnement social et à une souffrance personnelle plus importante et qui ne pourra pas se résoudre avec la seule « bonne volonté ».

Comment distinguer la déprime de la dépression ?

  • La durée des symptômes :
    • une déprime va durer quelques jours : vous vous sentez moins bien et vous pouvez avoir envie de vous isoler
    • la dépression vous fait entrer dans un état de moins bien qui dure, et pendant lequel toute vos forces ou énergie disparaissent
  • L’intensité des symptômes :
    • l’intensité des symptômes est beaucoup plus forte dans le cas de la dépression, avec un retentissement global sur l’organisme
  • La fonction de l’état dépressif :
    • la déprime est un processus psychique qui vous permet de vous adapter face aux événements de la vie
    • la dépression est une véritable maladie qui nécessite un accompagnement psychologique pour s’en sortir

Quels sont les symptômes caractéristiques de la dépression ?

Les symptômes de la dépression profonde sont variés mais sont systématiquement marqués par leur durée et leur intensité :

  • une perte massive d’intérêt pour les activités autrefois appréciées, dans tous les domaines
  • une tristesse intense et durable (qui dure toute la journée et se répète au fil des jours)
  • un sentiment d’inutilité ou de désespoir avec une autodépréciation importante
  • des troubles du sommeil (insomnies et un réveil matinal précoce)
  • des changements d’appétit (souvent avec une perte de poids)
  • une fatigue intense et constante (qui ne s’améliore pas avec le sommeil)
  • un ralentissement psychomoteur, observable par une modification de la marche, de la voix, des gestes, de l’initiative
  • des troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire
  • enfin, la peur est omniprésente – les pensées peuvent être envahies par des ruminations, des idées noires, et dans les cas les plus graves, par des pensées suicidaires

La dépression s’installe souvent de façon insidieuse

On observe généralement 5 phases avec une apparition progressive des symptômes :

1) Le déni

Au début, vous pouvez avoir une phase de déni, c’est-à-dire une incapacité à reconnaître ou à accepter l’état de souffrance mentale dans lequel vous vous trouvez. Typiquement, vous fonctionnez normalement dans l’environnement, mais en interne, vous luttez contre des sentiments de tristesse ou de désespoir.

Durant cette phase, vous vous isolez de vos proches et de vos activités habituelles. Vous avez aussi tendance à minimiser ou à rationaliser les problèmes, souvent avec des phrases comme « c’est rien, ça va passer ».

Le déni peut avoir un impact significatif sur votre vie personnelle et professionnelle. Au travail par exemple, vous pouvez avoir des difficultés à vous concentrer ou à maintenir votre productivité habituelle. Dans votre vie privée, vos relations peuvent se détériorer en raison d’un manque de communication.

Si ça vous concerne ou si vous êtes proche d’une personne concernée, reconnaître le déni comme une phase de la dépression est crucial. Pour votre entourage, cela permet non seulement de comprendre votre comportement mais aussi de vous soutenir de façon adaptée, essentiels pour pouvoir vous aider.

2) La colère

La deuxième phase de la dépression est souvent marquée par un sentiment de colère. Cette colère peut être dirigée vers vous-même, les autres, ou même le monde en général. C’est une réaction à la prise de conscience de la souffrance intérieure, mais aussi une manière de lutter contre le sentiment d’impuissance que la dépression peut engendrer.

Vous pouvez vous sentir irrité(e), avoir des accès de frustration, ou une hostilité envers vos proches. Parfois, cette colère peut sembler disproportionnée par rapport à la situation. Et peut également se manifester par un auto-jugement sévère.

Cette phase est particulièrement délicate à gérer, car vous pouvez vous sentir incompris(e) et jugé(e). La colère peut créer un écart entre vous et vos proches, rendant plus difficile l’accès au soutien.

Elle est cependant une réaction naturelle dans le processus de la dépression, et cruciale vers la guérison, qui nécessite de ne pas rester seul(e) à naviguer à travers ces émotions complexes.

3) La négociation

Dans cette troisième phase, vous allez probablement chercher à faire des compromis ou à trouver des solutions temporaires pour atténuer votre souffrance. Vous pouvez faire des promesses de changement dans votre comportement ou votre mode de vie, bien sûr dans l’espoir que ces ajustements soulagent votre douleur intérieure. Vous allez peut-être vous tourner vers des activités bénéfiques, comme le sport, la méditation, ou des changements alimentaires.

Cette phase de négociation est un moment délicat dans le parcours de la dépression. Elle reflète une prise de conscience croissante du problème, mais aussi une résistance à accepter pleinement la réalité de la maladie. L’idéal est d’encourager une approche équilibrée, où les changements de mode de vie s’accompagnent d’une recherche d’aide.

4) La dépression en elle-même

Et vous voilà au cœur même de la dépression, une période souvent marquée par une tristesse profonde et un sentiment d’impuissance. Cette étape se distingue par son intensité et sa persistance, affectant profondément votre vie quotidienne.

La phase profonde de la dépression est un moment critique qui demande du courage et de la résilience. Cette phase nécessite une attention particulière et souvent l’accompagnement de professionnels. Les traitements peuvent inclure la psychothérapie, un traitement médicamenteux, et des approches complémentaires (méditez, faîte de l’exercice physique, du yoga, etc.) L’objectif est de traiter les symptômes et de travailler sur les causes sous-jacentes de la dépression pour vous permettre de retrouver un équilibre émotionnel et fonctionnel.

5) L’acceptation

La cinquième et dernière phase de la dépression est celle de l’acceptation. Cette étape est cruciale, car elle marque un tournant dans le parcours. L’acceptation ne signifie pas nécessairement que vous allez vous sentir heureux(se) ou guéri(e), mais que vous allez pouvoir reconnaître et accepter votre condition de dépression comme un fait réel et traitable.

Dans cette phase, vous allez commencer à comprendre que votre souffrance est une partie de votre expérience, mais qu’elle ne définit pas votre identité entière. Vous allez apprendre à vivre avec votre état, tout en cherchant améliorer votre qualité de vie.

Il est important de noter que l’acceptation est un processus qui peut (va) prendre du temps et elle est une étape clé vers la récupération. Elle nécessite patience et compassion envers vous-même, assorti de l’accompagnement par des professionnels pour naviguer à travers les émotions complexes révélées par la dépression.