Christian Bobin, un amoureux du lien subtil
29 novembre 2022

« Ce n’est pas sa beauté, sa force et son esprit que j’aime chez une personne, mais l’intelligence du lien qu’elle a su nouer avec la vie. »

extrait de Ressusciter Christian Bobin.

Christian Bobin est décédé le vendredi 25 novembre 2022, et cette disparition est l’occasion pour moi vous faire découvrir un peu cet écrivain et poète français, amoureux de la vie dans ces manifestations les plus subtiles. Il est pour moi un repère, dans le monde matérialiste et capitaliste dans lequel nous vivons, qui met à l’honneur toutes les formes de vie en s’attachant particulièrement à établir un dialogue avec les différentes dimensions du vivant.

Toutes les mères sont impossibles – qu’elles aiment trop ou qu’elles n’aiment pas assez. Il n’y a pas en la matière de juste mesure. Tu as tout donné à tes enfants. tu leur as même donné des armes pour résister à ta folie d’amour, pour trouver cet espace, en eux, qui leur était nécessaire, où personne n’a le droit d’entrer – et surtout pas une mère.

« La plus que vive » de Christian Bobin

Il me passionne pour son intuition et et sa compréhension de l’invisible et la vie prend toute sa valeur car la mort n’est pas un tabou mais un exhausteur de goût. Je ne saurais trop vous conseiller sa lecture pour apprendre à observer, goûter, ressentir avec lui la beauté du pissenlit, du chant d’oiseau, du sourire…

Un ténor changeait mes os en cristal. Ce n’était rien, juste un chant d’oiseau dans le jardin que traversait une armée en marche des couleurs, sous le casque des fleurs. Je ne voyais pas le prophète, je n’entendais que ses leçons. Il réveillait le soleil. Dieu me rentrait par l’oreille. J’étais reconduit au paradis d’être vivant, donc immortel. Des murailles invisibles s’effondraient sous le chant d’un oiseau inconscient de son sacre, de son don, de sa race divine.

article de Christian Bobin, paru dans Le Monde des Religions (mai-juin 2014, page 82)
oiseau sur une branche

En plus d’une écriture magnifique, il nous apprend la patience, la contemplation comme un art de vivre. Le gestalt-thérapeute lui-même n’a-t-il pas toujours à apprendre de cette capacité d’attention et de silence. Il peut en tout cas être un guide pour revenir à soi, à l’essentiel, c’est-à-dire à l’esprit des choses tout en restant ancré dans le réel, tout un art…